La critique pour les amateurs d'art.

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Le XVIIème maniériste

L'Ecole Espagnole

Annonciation - 1600 - Le Gréco

Saint Jérôme - Jose de Ribera

Une autre déchirure dans le ciel est celle provoquée par l'arrivée de l'Ange Gabriel sous la forme d'une colombe pour le miracle de l'Annonciation. La merveilleuse dynamique centrale de haut en bas puis de bas en haut, rend compte de la transformation de la colombe en ange ailé à figure humaine. L'Esprit Saint, d'habitude symbolisé par une colombe peut apparaître aussi sous forme d'un ange. 

Des trois Gréco prêtés par le Musée de Budapest, l'Annonciation est sans doute le plus dynamique et le plus troublant. Toutefois si l'on n'est pas un inconditionnel du maniérisme du Gréco, le dessin en particulier celui du visage de la Vierge et le choix des couleurs, peuvent paraître insuffisamment travaillés.

Ce qui n'est évidemment pas le cas pour ce Saint-Jérôme, du très caravagesque Ribera, dont le clair-obscur et la précision anatomique semblent incroyablement naturels.

L'Ecole Flamande

Frans Hals est l'un des très grands portraitistes anversois du XVIIème siècle, avec Rubens et Van Dyck. Il nous le prouve encore avec ce Portrait d'Homme à l'habit ciselé avec minutie par le Peintre.

Portrait d'homme - 1634 - Frans Hals

La peau du visage peint avec une technique qui inspira beaucoup Edouard Manet, devient elle aussi une matière aussi inerte que les étoffes de la tunique, recouvrant la face de l'individu comme un masque, marquant une certain distance avec le spectateur, malgré la proximité légèrement affichée par le personnage. 

La Peinture Moderne

Si la présence d'un couple de jolies toiles de Goya pourront ravir, c'est du côté de la peinture moderne impressionniste que l'amateur trouvera sûrement son plus grand plaisir (Manet, Monet, Cézanne, Gauguin).

La Dame à l'éventail - 1862 - Edouard Manet

L'estacade de Trouville, marée basse - 1870 - Claude Monet

Submergés de tissus et de voiles, Manet nous invite à toucher la robe blanche aux reflets bleus, gonflée comme une mongolfière - les disproportions sont évidemment voulues par l'Artiste. Déjà vu dans d'autres expositions à Paris, cette toile qui représente la maîtresse de Baudelaire, l'un des amis du Peintre, ne fait cependant pas partie des collections nationales : elle pourrait donc justifier à elle seule la visite. 

Un Monet pas encore impressionniste - celui d'avant "Impression - Soleil Levant" - très marqué encore par Eugène Boudin et l'Ecole de Barbizon, peint des nuages si bas qu'ils semblent séparer la terre et ses habitants dans leur modeste délassement : barques à voile, pêche à la ligne. 

A noter que la sculpture hongroise, contrairement à la peinture kitsch qui est présentée, est fort intéressante qu'elle soit du Moyen-Age comme la Sainte Dorothée qui ouvre l'exposition, ou moderne comme les dernières sculptures masculines. Dans la dernière salle Les sirènes de Rodin, le suaire dans les mains de la sainte Véronique peinte par Kokoschka sont également à suivre .

Enfin

Cette exposition par trop encyclopédique ne fournit malheureusement pas de grandes surprises. C'est peut-être que, contrairement à l'exposition "La Renaissance et le rêve" au même musée, les meilleures toiles ont pratiquement toutes quelque chose d'imparfait. Le Tiepolo sur commande espagnole aux couleurs et à la lumière certes impeccables, contient un propos douteux, l'opposition Homme Blanc - Homme Noir, pour contribuer à l'apologie de la Reconquista. 

Elle n'évite pas non plus les contre-vérités historiques (le XVIème siècle aurait été dominé par l'Autriche), propose une salle fourre-tout lorsqu'elle veut se montrer moins académique, là où l'on se demande ce qui peut bien rapprocher Rubens, Goya et Manet. Un autre cliché douteux sur le panneau et le dépliant : la métisse Jeanne Duval, maîtresse de Baudelaire, aurait un air espagnol pourtant bien différent de celui de la jolie "Porteuse d'eau" de Goya. Si l'on excepte la présence exceptionnelle du Manet, une visite de cette exposition n'est pas plus indispensable qu'une du Louvre.

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