Expositions aux musées Jacquemart et Marmottan (Automne-Hiver 2017)
Impressionnismes à Paris
classique moderneCet hiver Paris a encore offert aux amateurs d'art des expositions consacrées aux peintres impressionnistes dont le génie sur la toile va toujours de pair avec une popularité sans cesse renouvelée. Alors que la nouvelle saison artistique vient de commencer à peine, revenons sur les chefs d'oeuvre que nous avons découverts aux expositions des musées Marmottan et Jacquemart.
Le Musée Marmottan consacrait une exposition à la collection personnelle de Claude Monet ("Monet collectionneur") tandis que le Musée Jacquemart profitait encore des prêts d'une prestigieuse collection étrangère. Provenant du Musée Ordrupgaard de Copenhague il s'agit de la "Collection Hansen", du nom de la famille danoise qui réunit au début du XXème siècle certaines des oeuvres magnifiques que nous allons voir ci-dessous. Voici donc par artiste les oeuvres impressionnistes les plus marquantes des deux expositions.
Paul Gauguin
Gauguin est plus "post" qu'impressionniste mais deux de ses oeuvres placées côte à côté au Musée Jacquemart, méritaient d'être évoquées en premier.
Sur la toile ci-dessus Paul Gauguin, leader des artistes qui se retrouvèrent dans ce village de Bretagne, peignit à A Pont-Aven la minceur des arbres frêles, qui laissent entrevoir sur une colline la douceur de la lumière le soir en bordure de forêt. Le vert des herbes délicates s'accordent à la butte rosie, aux nuances bleutées des rochers et d'un nuage suspendu au ciel (Paysage de Pont-Aven -1888 - Copenhague, Musée Ordrupgaard).
"Les Arbres Bleus" ou "Vous y passerez, la belle!" - 1888 - Copenhague, Musée Ordrupgaard
"Vous y passerez, la belle!" : en s'adressant ainsi à la jeune bigoudenne, l'individu au chapeau haut de forme fait-il allusion au littoral de rocailles informes qui jouxtent le sentier et laissent apercevoir un crépuscule rougissant ? Les arbres bleus qui cachent en partie la conversation sont les témoins presque innocents de cette scène plutôt inquiétante.
Claude Monet
Le Musée danois apporte au Jacquemart deux toiles exceptionnelles du plus impressionniste des Impressionnistes.
Marine, Le Havre - 1866 - Copenhague, Musée Ordrupgaard
La photo ne dit pas tout de la toile ci-dessus. Car il suffit que les rayons du soleil percent le ciel couvert pour que certaines nuances vert émeraude ça et là sur la mer jaunissent et s"éclairent, tout en contraste avec l'ombre portée des vagues. Monet capte les nuances si particulières et variées de la mer sur la côte normande.
Dans Pont Waterloo, temps gris (1903), toute la nervosité d'une ville industrieuse comme Londres semble exhaler des vagues drues qui parsèment la Tamise, et monter telle une nuée qui se mélange à la brume et aux fumées des usines dont les cheminées hérissent le paysage. Les passants du matin sur le pont semblent de loin des pointes se rendant en rangs serrés à leur labeur.
Auguste Renoir
Claude Monet également connaisseur collectionnait les toiles de son ami Auguste Renoir.
Jeune Fille au bain - 1892 - New York, MoMA
Baigneuse - 1888 - Tokyo, Sompo Japan Nipponkoa Museum of Art
Dans sa propre collection ("Monet Collectionneur" au Musée Marmottan) Monet pouvait contempler de jeunes baigneuses aux formes lumineuses et vaporeuses, et au visage angélique tout droit sorti de l'innocence d'un rêve.
Les portraits du couple Monet peints aussi par Renoir sont certes respectueux et distanciés mais l'affection du peintre envers ses deux protagonistes irradie les deux toiles. Il s'agit des tableaux admirablement accrochés côte à côte, "Claude Monet lisant" et "Portrait de Mme Claude Monet" tous deux peints en 1873 et appartenant au Musée Marmottan.
Les deux expositions réunissent en plus quelques-uns des paysages aux milles nuances peints par Camille Pissarro, dont l'étonnant paysage de campagne enneigée au crépuscule, Effet de neige à Éragny, soir (1894).
Camille Corot, dernier des Classiques et premier des Modernes est également présent dans la collection danoise avec un moulin blanc sur les parois duquel rebondissent les rayons au soleil pour se diriger sous un ciel bleu en notre direction (Le Moulin à Vent - 1840). Il est aussi présent avec la frêle branche détachée d'un arbuste qui semble montrer au fond du paysage une rivière au flot vert et épais coulant au milieu d'une forêt sous Le Pont de Mantes -1854.
Quant au réaliste Courbet il désagrège les murs d'eau des vagues en fine écume formée de multiples et minuscules grains blancs qui s'abîment sur les rochers des falaises verticales (Les Falaises d'Étretat - 1869 - Copenhague, Musée Ordrupgaard).