Expositions A.R. Penck, François Morellet et Lucio Fontana
Le meilleur des galeries - Printemps 2017
contemporain moderneComme à chaque saison nous tentons de vous faire part des meilleurs moments passés dans les galeries parisiennes ce printemps.
L'une des expositions à ne pas manquer est celle consacrée au peintre Penck (récemment décédé) appartenant au courant des peintres allemands de l'après-guerre.
A.R.Penck à la galerie Suzanne Tarasieve
Après Jörg Immendorff la galerie Suzanne Tarasieve située rue Pastourelle dans le Marais expose jusqu'au 17 juin les oeuvres d'un autre peintre contemporain allemand. A.R. Penck est en effet un excellent peintre teuton de l'après-guerre comme le permier cité, et comme les fameux Georg Baselitz et Markus Lüpertz également. Il alterne un style néo-expresionniste fait de tableaux figuratifs aux couleurs puissantes (voir ci-dessus "Ich und M.W" - 1991) avec un style empli de signes et de hiéroglyphes comme son glorieux prédécesseur Paul Klee, et qui inspira beaucoup Keith Haring.
Dans "Ich und M.W" (1991), tableau de très grande taille, deux personnages assis se font face tels des géants sur une céramique grecque, noir sur rouge, rouge sur noir. Il s'agit du peintre et d'un certain M.W., probablement le collectionneur et ami Michael Werner. A qui appartient le chat dont on aperçoit la tête énorme, tel un fauve?
Adleizeit - 2011 - A.R. Penck
Analytisches Selbstportrait (jugendstil) - 1991 - A.R. Penck
Nachhaltige Erkenntnis - 2011 - A.R. Penck
La "lutte" tout en fushia de l'homme et du faucon précède un autoportrait en pirate aux ombres très profondes.
Hommage à François Morellet à la Galerie Kamel Mennour
La Galerie Kamel Mennour rend hommage à un grand artiste français récemment décédé, le choletais François Morellet (1926-2016). Elle choisit de faire dialoguer ses oeuvres avec les grands peintres de l'Art Conceptuel et Minimal (abstrait) avec qui il était en contact dès les années 1950.
Nous avons consacré un article entier à cette exposition importante digne d'un musée.
Les céramiques de Lucio Fontana
Lucio Fontana (1899-1968) est cet artiste conceptuel tellement fasciné, à l'aube de la conquête spatiale, par la face cachée de la lune qu'il en vint à représenter avec esthétique l'espace caché, le Vide. Allant jusqu'à percer ses propres toiles, il fit du Trou un motif artistique puissant qui était resté inouï jusque-là.
L'italo-argentin est l'artiste conceptuel le plus important et l'un des plus grands de l'Après-guerre. La galerie Karsten Greve présente jusqu'au 29 juillet un aspect méconnu de son oeuvre qu'il développa en parallèle de ses oeuvres spatialistes : les sculptures en céramique peintes, qui peuvent de part leur sujet s'inscrire dans la tradition des retables sculptés de la Renaissance catholique.
Crocifisso 1955-1957
Crocifisso - 1961
Crocifisso
La plupart représentent des Christs qui se déploient en corolle sur une plante vénéneuse servant de croix, ou qui miraculeusement affleurent d'une paroi en argile évoquant déjà le mystère de la Résurrection.
Les couleurs jouent dans cette évocation un rôle essentiel sur l'un des crucifix (non photographié) à l'émail brillant rose et blanc, supportant un Christ paisible qui va jusqu'à saluer l'Univers d'une main détachée. C'est de la part de Fontana une représentation hardie qui va au-delà de l'iconographie classique et du dogme chrétien.
Mais la représentation la plus édifiante et lyrique est sans nul doute celle d'une Madonne à l'émail bleu et blanc brillant, parsemé ça et là de dorures. Les stries bleutées en direction de l'enfant, les frissons qui enveloppent la Madone, forment une apothéose subjugant les regards chérissant d'une mère vers son fils et vice-versa.