"Rodin. L'exposition du centenaire" au Grand Palais
Sa Majesté Rodin
classique modernePour commémorer le centenaire de sa mort, le Grand Palais a proposé jusqu'au 31 juillet une exposition rassemblant les plus grands chefs-d'oeuvre du sculpteur Auguste Rodin (1840-1917).
Comme elle aborde largement la postérité de ce créateur immense, l'exposition devient au fur et à mesure une belle rétrospective de la sculpture moderne, du XXème siècle à nos jours.
En ce qui concerne les oeuvres du seul Rodin, le Grand Palais a surtout mis à contribution les collections permanentes des Musées Nationaux. Le Musée Rodin de Paris, le Musée Rodin de Meudon, le Musée d'Orsay et d'autres musées de province ont ainsi prêté des oeuvres très célèbres (Le Penseur, Le Baiser, Les Trois Ombres en dépôt au Musée de Quimper) qu'une rétrospective du Sculpteur ne pouvait évidemment manquer. Mais si les oeuvres d'Auguste Rodin nous paraissent encore si belles aujourd'hui, c'est que l'artiste ne s'est jamais contenté de sculpter les corps humains en suivant une esthétique simplement classique. Au contraire, en recherchant une plus grande expressivité il réussit à rendre universels les sentiments les plus exacerbés de ses personnages.
C'est qu'ils ont souvent un destin bien lourd à porter, à l'image du jeune poète amoureux voulant à tout prix garder à lui sa Muse, mais qu'il soutient à bout de bras avec peine - Je suis belle - 1885 - Paris, Musée Rodin.
Je suis belle - 1885 - Paris, Musée Rodin
La Danaïde - 1889 - Paris, Musée Rodin
Le Christ et la Madeleine - 1908 - Madrid, Musée Thyssen
Le plus touchant exemple est sans doute l'oeuvre suivante et que l'on voit aussi ci-dessus et en tête de l'article : cette Danaïde qui condamnée à remplir éternellement une jarre sans fond, prostrée se liquéfie, à l'instar de ses épaules dont la ligne tombante semble suivre le cours descendant d'un ruisseau. Epousant la forme même de son malheur, l'eau qui de la jarre immanquablement s'écoule, se transformant en source elle devient paysage féminin.
Madeleine, maîtresse inconsolée du Christ non avouée par les Evangiles, devient une source de larmes s'écoulant du rocher sur lequel Jésus est crucifié. Rodin recrée son propre Evangile mettant le personnage de Madeleine cette fois au centre de la Passion.
Monument aux Bourgeois de Calais - 1889 - Paris, Musée Rodin (épreuve récente)
Quant aux Bourgeois de Calais, aux pieds et mains gigantesques qui incarnent la terrible responsabilité qu'ils portent, ils cheminent la corde au cou ensemble et avec peine. C'est que ces hommes ont choisi de se rendre pour subir la condamnation à mort du Roi d'Angleterre, ainsi se sacrifiant pour l'ensemble des habitants de leur ville. Calais fut longuement assiégée par les anglais au cours de la Guerre de Cent ans.
Les sculptures de Rodin sont nombreuses mais l'exposition laisse de plus beaucoup de place aux disciples illustres de l'Artiste, qu'ils soient des héritiers directs ou indirects.