Les grandes oeuvres abstraites de l'exposition à la Fondation Vuitton
L'Art abstrait du "MoMA"
moderne contemporainAprès avoir exploré sa collection de Pop Art et ses grandes performances, nous nous attardons à présent sur les peintures abstraites et en particulier celles appartenant au courant de l'Expressionnisme Abstrait, qui elles aussi ont fait la renommée de l'Art Américain au cours du XXème siècle.
Mais l'art abstrait n'a pas été créé d'abord aux USA, mais en Europe dans la première moitié du XXème siècle.
Abstractions premières
S'il n'y a pas de Klee ou de Kandinsky dans cet extrait de la collection du MoMA, on peut cependant rencontrer au hasard de la visite des oeuvres de Calder, Brancusi, et comme ci-dessous Mondrian puis de l'autre russe, Malévitch ensuite.
Composition en blanc, noir et rouge - 1936 - Piet Mondrian
La Composition en blanc, noir et rouge du hollandais Mondrian est une poésie spatiale. Il faut remarquer le rectangle mince et rouge qui écrasé, par les blancs au-dessus, prend lui de l'épaisseur et les vide de substance les laisant gonfler et monter telles des bulles des savons. Ils se dispersent sur les côtés jusqu'à rencontrer à gauche un autre carré coloré et concentré, discret mais un peu coincé.
En pleine Révolution Russe, Kazimir Malevitch peint sa Composition suprématiste : Blanc sur Blanc ou Carré Blanc sur Fond Blanc mais qui représente en réalité un carré légèrement bleuté et pivoté, dont le contour tracé et subtilement imparfait (l'angle supérieur n'est pas droit) le délimite d'un fond légèrement mais jaunâtre. La géométrie abstraite et le blanc immaculé se limitent à une incarnation imparfaite et pas nette dans l'univers de cette toile.
Expressionnisme & Minimalisme américains
Forte d'un enthousiasme et d'un optimisme née de sa victoire durant la seconde guerre mondiale, l'Amérique va produire les artistes les plus novateurs et enthousiasmants de la seconde moitié du XXème siècle. Les oeuvres des expressionnistes abstraits - Pollock, Rothko et De Kooning - entrent rapidement dans la collection pour devenir les fleurons du MoMA qui les acquièrent pour la plupart assez rapidement.
Woman I - 1952 - Willem de Kooning
Echo n°25 - 1951 - Jackson Pollock
N°10 - 1950 - Mark Rothko
Dans le maelström ci-dessus se dessine la forme d'une silhouette humaine assise et colorée, portant le masque effrayant de la Cruauté aux sabots roses et fendus. Willem De Kooning dans sa vie semble s'être attiré la haine des femmes, mais il l'exprime dans sa peinture avec génie.
Jackson Pollock dont la calligraphie garde les fines traînées frêles et vivantes d'un trait puissamment affirmé, invente un langage de formes variées que l'on croit reconnaître mais qui restent inédites au second regard. C'est une musique du mouvement qui s'établit dans le tracé noir et s'enfuit dans tous les sens, et dans la profondeur, dispersant de fines goutelettes.
On se sent face à lui réchauffé illuminé de ses rayons : c'est le jaune flottant de Mark Rothko qui brille comme un soleil au devant d'une route.
Son contemporain le Minimalisme est lui à contre-courant de l'Expressionnisme abstrait. Il privilégie des formes et des couleurs basiques qui vont beaucoup inspirer ergonomes et designers par la suite.
Colors for a large wall - 1951 - Ellsworth Kelly
Ellsworth Kelly dispose en 1951 des carrés de couleurs tendres, et d'autres qui les perturbent en laissant scintiller leur noir tout autour. Vivant alors en France, jeune peintre encore inconnu mais élaborant son propre style, Kelly a la conviction que cette oeuvre qu'il vient à peine de terminer aurait toute sa place au MoMA. Quelle maîtrise on peut dire !