Exposition "COLOR FIELD" jusqu'au 28 février
Peintures et effets d'optique
contemporain moderneTout comme son fameux frère cadet, Charles Pollock (1902-1988) est un peintre américain du courant expressionniste abstrait. Si Jackson fut de son vivant déjà une star de la peinture du XXème siècle, Charles eut lui une carrière beaucoup plus discrète. Néanmoins la galerie Etc sise rue Saint-Claude dans le Marais consacre une exposition à cet artiste méconnu et nous rappelle l'excellence de ces peintres abstraits dont le talent explosa au sortir de la seconde guerre mondiale.
Sur ces toiles peintes à la fin des années 60, Charles Pollock tracent des plans verticaux qui portent des "champs de couleur" horizontaux ou obliques. Ils suggèrent une profondeur d'espace entre eux et l'arrière-plan du tableau. L'artiste américain crée par ce biais des effets d'optique fascinants.
L'espace entre les plans
Dans NY23 et NY21 entre un premier plan coloré situé en relief par rapport au second, flou et évanescent (peint à la Rothko), un sas s'installe d'une profondeur insondable. Entre les deux un vide caché semble s'étirer et gonfler tel l'obscurité d'un puits sans fond.
L'espace et la vitesse
Gros plan sur une pellicule de couleurs qui défile à grande vitesse au-dessus d'une table en contreplaqué.
En effet sur #100 (Stack), Charles Pollock ménage ses effets optiques : en floutant délibérément le bord de sa "pellicule de couleurs" il donne l'impression, d'une part d'un espace profond entre elle et le fond beige, la "table en contreplaqué". D'autre part l'utilisation des champs de couleur participe à l'impression d'un puissant déplacement de la "pellicule" vers le haut.
Si la photo n'en rend pas suffisamment compte, l'impression optique patente est très agréable pour peu que l'on s'approche suffisamment du tableau. Un chef d'oeuvre apparemement déjà vendu à un riche collectionneur à l'oeil avisé.
L'exposition de l'excellente galerie Etc (décidément son pari pour les peintres abstraits est un formidable succès artistique) nous rappelle à quel point l'expressionnisme américain était déjà un art optique fécond.