Rétrospective "Delacroix" au Musée du Louvre jusqu'au 23 juillet

Delacroix et le Monstre

Publié par arman - dimanche 15 juillet 2018, 17:46 | Voir les avis

classique

Même si les amis de Victor Hugo ne trouvèrent pas son engagement assez fort, Eugène Delacroix (1798-1863) fut assurément un Peintre Romantique : les sentiments violents les plus sombres, la sauvagerie la plus brutale peuplent en effet ses toiles souvent parmi les plus belles. 

Ci-dessus sur la toile intitulée Chasse aux lions, le Monstre (ou les monstres) sont naturellement désignés. La sauvagerie des grands félins s'abat en effet en sang-sues abominables sur de malheureux chasseurs orientaux peints comme des hobbits. C'est une cascade formidable de couleurs, de tissus, de poils et de peaux enchevêtrés les uns dans les autres, sous laquelle les hommes sont totalement dépassés, dominés par les imposants volumes des lions et des chevaux cabrés.

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D'autres genres de monstres plongés dans l'obscurité du fleuve des Enfers viennent à la rencontre de Dante et Virgile. Sur leur barque les Poètes Anciens préfèrent fixer la rive opposée du Styx plutôt que de repousser ces morts aux yeux rouges et aux corps monumentaux, capables de se dévorer entre eux mais toujours terriblement "vivants". Des zombies avant l'heure, magnifiés par le Grand Art d'un coup de pinceau prodigieux digne du réalisme de Michel-Ange. 

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Le Monstre c'est aussi Médée à la pâleur étrange, un mythe grec mais qui reste ô combien femme sous les pinceaux de Délacroix : de ses seins pendent ses propres enfants comme ses vrais attributs, prêts sans le savoir à être sacrifiés pour accomplir la prophétie d'une légende et la vengeance d'une mère scélérate.

C'est la Furie du combat entre deux cavaliers arabes faisant crépiter la poussière. C'est la Soif terrible, qui pousse un Pâtre désespéré à poser hâtivement menton à terre après le parcours sans fin des kilomètres à l'horizon. C'est une violence peinte avec une telle éloquence qu'elle transmet au spectateur toute l'énergie spectaculaire qu'elle contient.

Delacroix n'en était pas moins capable de peindre aussi l'Idylle, comme l'indique les Baigneuses ci-dessous peinte par l'un des plus grands coloristes de l'Histoire. 

La rétrospective du Louvre est loin de réunir uniquement des oeuvres connues de Delacroix et les chefs d'oeuvre méconnus du Maître y foisonnent : son génie pour la couleur, comme Rubens, celui pour l'anatomie, comme Michel-Ange, plus son grand souffle épique confirment au grand public sa très grande place dans l'Histoire de la Peinture.

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