Exposition "Jardins" en ce moment au Grand Palais
Mise au vert
classique moderne contemporainLe Grand Palais vous invite jusqu'au 24 juillet à la découverte de ses "Jardins", exposition consacrée à sa représentation artistique plus qu'à l'art du jardin en particulier. On peut y découvrir cette ancolie, aux feuilles vertes qui ont l'air d'avoir été déposées sur la feuille blanche, dessinée à la Renaissance par Albrecht Dürer.
L'exposition organisée en petites salles intimistes a certes un côté un peu fourre-tout entre ses herbiers, ses arrosoirs et ses sécateurs. Elle nous invite cependant telles des abeilles à butiner, dans ce "jardin" qui fourmille de photos, tableaux et vidéos ayant tous en commun la représentation des jardins et des plantes.
On pourra déplorer qu'aucun végétal ne soit pourtant présent. La fontaine ci-dessous pourra cependant vous rafraîchir en rappelant au son de son filet d'eau la musique des parcs et jardins.
La fontaine bleue d’Othoniel
C'est une oeuvre spécialement conçue pour l'exposition par le célèbre créateur de la station "Palais-Royal" Jean-Michel Othoniel. Sa découverte, un éblouissement, est à elle seule la raison suffisante d'un déplacement au Grand Palais.
Grotta Azzurra - 2017 - Jean-Michel Othoniel
La couleur acier des briques de verre réfléchit la lumière comme des pavés de pierre précieuse bleus. Elle éblouit le visiteur des salles obscures, tel un plongeur remontant des grands fonds. La fontaine telle une présence marine nichée dans son antre, prend la forme ronde de deux bocaux emplis d'eau, de deux gouttes d'eau qui se superposent et dont on entend couler le flot.
L'exposition très variée ne laisse pas de surprendre, d'autant plus qu'y sont présentes les Peintures de toutes les époques, même les plus reculées.
La fresque de Pompéi
Peinture de jardin - 30-35 après JC - Pompéi, Maison du Bracelet d'Or
Cette fresque au trait naïf mais précis est la toute première représentation en peinture d'un jardin dans le monde romain, et donc autant dire européen. Cette colombe ressemble à la toute première colombe jamais peinte, ce feuillage au tout premier feuillage. Il y a dans cette fresque quelque chose de bien vivant, qui a traversé les siècles et qui malgré les écailles est toujours là, offert et resté neuf.
Au milieu de l'exposition, une salle plus espacée en hauteur expose des grands formats classiques représentant les domaines royaux et leurs paysages au siècle des Lumières. La perspective de l'un d'entre eux immense, envoie planer notre regard sur plusieurs dizaines de kilomètres au-delà des collines du domaine de Saint-Cloud.
Les gravures de jardins en noir et blanc par Jean-Baptiste Oudry (1686-1755) sont au détour d'un virage un ravissement pour l'oeil. Elles sont habituellement exposées au Château de Sceaux.
La Peinture Moderne
Bien sûr la Peinture Moderne prend également sa part dans la représentation des jardins. Voici les deux oeuvres que nous avons retenues parmi celles de tous les grands artistes exposés, des Impressionnistes (avec un superbe "Nymphéa" en provenance du musée Marmottan) jusqu'à Jean Dubuffet, en passant notamment par Picasso et Klimt.
Coursegoules - 1956 - Jean Dubuffet, Paris, Musée des Arts Décoratifs
Dubuffet compose à la verticale une mosaïque végétale constituée de parterres de plantes et de dalles. On sent la terre sous les jeunes pousses de ce jardin aplati peint à l'huile.
Le jardinier Vallier - 1936 - Paul Cézanne, Londres, Tate
On retrouve sur la toile ci-dessus le style de Cézanne, où les couleurs changent de tons par facette pour tourner dans l'air vibrionnant. Dans ce portrait à la chaleur estivale, le vieux jardinier ami de Cézanne trône dans un kaléidoscope de nuances ocres, vertes et bleues.
En profitant d'une faible affluence (pour une fois au Grand Palais) on pourra prendre plaisir à se perdre dans les couloirs et petites salles contrastés de l'exposition "Jardins".