Exposition "Rembrandt Intime" au Musée Jacquemart-André

Le Miracle en Peinture

Publié par arman - jeudi 22 décembre 2016, 22:50 | Voir les avis

classique

Le Musée Jacquemart présente jusqu'au 23 janvier une petite rétrospective sur l'un des plus grands artistes de l'Histoire de la Peinture, le Hollandais du XVIIème siècle que l'on appelle uniquement par son prénom, évidemment Rembrandt.

Rembrandt Van Rijn naît en 1606 à Leyde dans les Provinces-Unies, ancien nom donné à l'époque aux Pays-Bas d'aujourd'hui. Délaissant les études de philosophie il décide de se consacrer très tôt à la peinture en intégrant l'atelier d'un maître local. Connaissant un succès fulgurant avec ses propres toiles le Peintre ne va pas tarder à ouvrir son atelier et enseigner à ses propres apprentis alors qu'il a à peine vingt ans. Ainsi, Rembrandt va devenir l'un des Grands Maîtres de la Peinture et on doit rendre grâce au Musée Jacquemart aujourd'hui d'exposer quelques-uns de ses fleurons venus des plus grands musées de province et à l'étranger. A noter que trois d'entre eux font partie de sa collection permanente.

Miracle et clarté

Rembrandt âgé donc d'une vingtaine d'années, développe entre 1625 et 1631 un art prodigieux du clair-obscur, qu'il utilise essentiellement pour des thèmes religieux. Les photographies, même prises par des professionnels, ne peuvent que rendre imparfaitement la perfection des détails apportée à ses toiles. 

La Fuite en Egypte - 1627 - Tours, Musée des Beaux-Arts

La Présentation au Temple - 1631 - La Haye, Musée Mauritshuis

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Une lumière dans la nuit silencieuse et noire éclaire une famille en fuite à pied et à dos d'âne - La Fuite en Egypte - 1627 - Tours, Musée des Beaux-Arts. L'homme qui se prénomme Joseph, se retourne vers sa femme Marie, à son écoute lui répond et la rassure. L'obscurité est opaque mais leurs pas sont guidés par une lumière fantastique. Dans la mise en scène de ce tableau miniature, les détails des personnages sont si visibles et le clair-obscur si doux que le miracle de cette clarté survenue au milieu de la nuit, est  sous nos yeux matérialisé.

Une lumière qui semble percer d'en haut le toit du temple, éclaire une famille venue recevoir la bénédiction pour leur nouveau-né - La Présentation au Temple - 1631 - La Haye, Musée Mauritshuis. Cette clarté tombant dans le vide, qui habille délicatement les protagonistes de la scène et allume les parois orangées du temple, tient l'observateur ébahi en haleine. Ce n'est qu'une représentation de la lumière divine mais c'est à nouveau un miracle de clair-obscur.

Les Pélerins d'Emmaüs - 1629 - Musée Jacquemart-André

L'apparition du Christ aux pélerins d'Emmaüs est un épisode classique du Nouveau Testament. Notez la présence du disciple ayant reconnu le Christ à genoux devant lui. Les légers reflets de lumière sur sa tunique verte, révèlent son volume et sa matérialité. La silhouette du Christ apparaît au contraire aussi immatérielle qu'une ombre chinoise mais se concrétise peu à peu, laissant apparaître une tunique, des mains puis un buste qui semble irradier la lumière incandescent. Cette scène, qui a cours dans un silence et une discrétion intimes, à l'heure où pour d'autres au fond les lumières s'éteignent, fait de nous le témoin interdit d'un moment intense.

Abondance et naturel

Jouissant de commandes et d'une notoriété qui va au-delà de sa ville de Leyde, Rembrandt reçoit bientôt la visite du secrétaire du Prince d'Orange. En 1631 il s'installe donc à Amsterdam où il se marie avec Saskia, la fille d'un marchand d'art. C'est l'apogée de la carrière du Peintre, qui va lui permettre de vivre grand train pendant quelques années.

Portrait de l'artiste en costume oriental - 1633 - Petit Palais

Outre la finesse impressionnante du détail (on a l'impression que chaque poil a été dessiné un à un), le pelage du chien montre par un parallélisme surprenant que la fourrure portée par Rembrandt, et toute la richesse acquise symbolisée par les reflets dorés sur sa tunique, ne sont rien moins que naturels. Couvert de luxe le Peintre garde cependant la modestie de son fidèle compagnon mis au premier plan.

Saskia en Flore - 1634 - Musée de l'Ermitage

Tout le portrait ci-dessus - Saskia en Flore - 1634 - Musée de l'Ermitage - jouit d'un vernis brillant qui rend ineffable le détails des broderies dorées et des perles luisantes sur le bras de Saskia. Ce luxe va de pair avec la foison de fleurs colorées dont elle se coiffe. Saskia réconfort et appui de Rembrandt, tient sa baguette fleurie telle une corne d'abondance.

Réalisme vivant 

A la fin de sa vie Rembrandt change de style et abandonne les projections de lumière miraculeuses : son clair-obscur contribue cette fois au vivant réalisme de ses personnages. Le portrait au ton presque orangé de son fils Titus nimbé d'une lumière chaleureuse, respire la quiétude et le plaisir de lire. Et pourtant Rembrandt perdra son fils dix ans après ce portrait, avant de mourir lui-même dans la pauvreté à l'âge de 69 ans.

Titus lisant - 1658 - Kunsthistorisches Museum, Vienne

La confiance en elle d'une jeune fille à son balcon déconcerte : l'observateur qui croyait la surprendre rencontre un regard pénétrant, celui d'une jeune fille penchée vers lui qui reste sûre d'elle impassible.

Jeune fille à la fenêtre - 1651 - Stockholm

Les portraits de ces deux jeune gens côte à côte constituent sinon un diptyque en tous cas l'un des plus beaux points de vue picturaux visibles en ce moment à Paris. L'exposition "Rembrandt intime" au Musée Jacquemart révèle certes les miracles bibliques qui peuvent s'accomplir en Peinture, mais aussi ceux qui insufflent tout simplement la Vie, comme ci-dessus, aux personnages des tableaux.

 

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