Exposition "Icônes de l'Art Moderne, la Collection Chtchoukine"

Les Impressionnistes dans les collections russes

Publié par arman - jeudi 15 décembre 2016, 21:05 | Voir les avis

classique moderne

Voici le troisième et avant-dernier volet de notre chronique consacrée à l'énorme exposition de la Fondation Vuitton, sur l'Art Moderne dans les collections russes. Nous avions évoqué dans les articles précédents la place importante prise par les toiles d'Henri Matisse et de Paul Gauguin dans la collection Chtchoukine. C'est au tour à présent des Impressionnistes et de Paul Cézanne, dont la contribution à l'exposition n'est pas moindre en oeuvres aussi belles qu'importantes.

Les Peintres Impressionnistes sont devenus si populaires qu'ils en deviendraient presque des Classiques. Et pourtant c'est bien au début de leurs créations que l'on date généralement le début de l'Art Moderne. Pour la première fois en effet des peintres s'attachent à représenter pleinement leurs impressions devant le réel, plutôt qu'à le représenter tel qu'il devrait communément être vu.

Le Peintre Impressionniste le plus représenté dans l'exposition n'est autre que Claude Monet. La Collection Chtouchoukine a en effet pratiquement prêté la dizaine de toiles qu'elle détient de l'auteur des Nymphéas.

Monet

La venue de l'- Étude pour le Déjeuner sur l’herbe - 1865 - Moscou, Musé Pouchkine - ci-dessus est en soi un événement. Monet qui n'avait que 24 ans lorsqu'il peignit cette esquisse, fut profondément marqué auparavant par la grande toile d'Edouard Manet. Voulant faire impression au Salon d'Automne il décide de faire son propre "Déjeuner sur l'herbe" de taille plus monumentale encore. Il abandonne finalement le projet ne nous laissant que quelques fragments de l'oeuvre inachevée et cette esquisse plus petite mais très aboutie :

Les robes et les hommes sont au repos, cependant sous le feuillage frémissant de lumière chaque détail de cette réunion familière semble compter.

On pourra goûter d'autres paysages peints par Monet, apaisants et champêtres comme celui-ci.

Prairie à Giverny - 1888 - Musée de l'Ermitage

La pluie qui tombe éteint dans l'ombre des nuages les couleurs vives de ce lit d'herbes : vertes bien sûr mais aussi jaunes, et parfois rouges même, on aurait dû voir.

Les mouettes, le Parlement de Londres - 1904 - Moscou, Musée Pouchkine

Les mouettes dont le plumage blanc se laisse voir au premier plan volettent et s'agitent avec l'arrivée d'un pêcheur. Au fond le Parlement anglais est une île cachée dans la brume grise du matin, rosie par les premiers rayons de l'aube (plus rose que sur sa photo). Tout cela se passe non en mer mais sur la Tamise en plein milieu de Londres.

A noter également le troublant Falaises près de Dieppe - 1897 - Musée de l'Ermitage aux ombres du soir ondulantes, qui par mer calme tapissent l'herbe des falaises découpées. 

Degas

Edgar Degas lui, aimait capter en peinture la grâce des ballerines et des petits rats de l'opéra. Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas vu de danseuse aussi belle que la dernière ci-dessous.

La Danseuse dans l'atelier du photographe - 1875 -  Moscou, Musée Pouchkine

Dans un contre-jour somptueux la danseuse semble enlacer au-dessus de sa tête le rayon de soleil qui glisse sur les toits des maisons et traverse la verrière à droite.

Pissarro

Camille Pissaro, bien qu'il fut un peintre impressionniste de la première heure, nous a rarement emballé avec l'un des tableaux dans une exposition ou un musée jusque-là. Pourtant cette vue de l'avenue de l'opéra à Paris, formant avec la très printanière "Place du Théâtre Français" une sorte de diptyque parisien sur le temps et les saisons, est peut-être la plus belle toile de toute l'exposition.

213 avenue de l'opéra - 1898 - Moscou, Musée Pouchkine

L'air est froid et humide, des goutelettes condensées sont encore en suspension dans l'atmosphère de l'avenue de l'opéra. Le sol détrempé de la chaussée, les branches des arbres dénudés même, semblent faire briller leur fine pellicule d'eau sous l'effet de la lumière qui court dans l'avenue.

Cézanne

Cézanne est certes plutôt un Moderne solitaire (précurseur du Cubisme) qu'un Impressionniste. Ayant été l'élève de Camille Pissarro nous avons choisi de le présenter à la suite de son Maître en tant que post-impressionniste, qu'il est également. Plutôt que son "Mardis gras (Pierrot et Arlequin)" annoncé comme l'un des clous de l'exposition, nous avons préféré ce portrait-ci peint par Cézanne :

L'Homme à la pipe (le Fumeur) - 1893 - Moscou, Musée Pouchkine

La table, les murs, bref la Matière chez Cézanne a des reflets troublants, nuancés en fonction notamment de la lumière. La veste de ce fumeur de pipe, sorte de gilet d'armure en écorce de tronc, semble couvertes de lichens gris bleus.

L'exposition accorde en tout deux grandes salles aux peintres impressionnistes et post-impressionnistes (Le Douanier Rousseau, Maurice Denis) sans compter la salle des portraits où un portrait lumineux de Renoir sera à découvrir. Nous consacrerons le quatrième et dernier volet de notre chronique sur cette exposition mirobolante, aux oeuvres de Pablo Picasso.

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