Exposition "Icônes de l'Art Moderne" à la Fondation Vuitton
Gauguin dans les collections russes
moderneJusqu'au 20 février, la Fondation Vuitton propose une grande exposition de toiles en provenance des plus grands musée russes, "Icônes de l'art moderne. La collection Chtchoukine", consacrée à la période allant des Maîtres Impressionnistes à Pablo Picasso. Le Musée de l'Ermitage et le Musée Pouchkine de Moscou ont en effet accepté de prêter une bonne partie (127 sur 278 oeuvres) de la collection confisquée lors de la Révolution d'Octobre à un industriel russe grand amateur d'art.
Nous débuterons notre chronique de l'exposition par la place de choix accordée à l'oeuvre du grand peintre moderne Paul Gauguin. Avant même d'aborder les toiles des Impressionnistes, d'Henri Matisse et de Picasso, avouons déjà que l'exposition semblera forcément mirifique à toute personne qui aime vraiment la peinture.
L'exposition de la collection Chtchoukine consacre toute la salle n°7 aux tableaux de Gauguin peints lors de son long séjour en Polynésie. Ces toiles furent acquises par Chtchoukine autour de 1905 soit peu de temps après la mort du Peintre chez le marchand d'art Ambroise Vollard. Les sujets sont presque toujours les habitants des îles vaquant à leurs occupations, souvent même à leur inactivité, dans une ambiance de couleurs variées et très expressives.
Ils esquivent parfois la chaleur du soleil reproduite en jaune d'or : les personnages de Gauguin cherchent l'atmosphère plus apaisante du sous-bois tropical et y pratiquent la cueillette entourés de leurs animaux.
Homme cueillant des fruits dans un paysage jaune -1897 - Musée de l'Ermitage
Rupe-Rupe (La cueillette des fruits) - 1899 - Musée Pouchkine
Homme ou agneau on dresse finement la tête au-dessus des grandes herbes à fleurs - Homme cueillant des fruits dans un paysage jaune -1897 - Musée de l'Ermitage - pour attraper un fruit sous le feuillage nourrissier.
Le second tableau, - Rupe-Rupe (La cueillette des fruits) - 1899 - Musée Pouchkine - avec son fond jaune d'or (plus "or" encore en vrai) et ses branches aux grands feuilles vertes pendantes, possède une richesse décorative évidente. Les Hommes les Femmes les Animaux, tous cueillent les fruits de cette Divine Nature luxuriante : pour Gauguin la vraie richesse est représentée là sous nos yeux.
Aha oé feii (Eh quoi tu es jalouse) - 1892 - Moscou, Musée Pouchkine
Eiha ohipa (Ne travaille pas) - 1896 - Moscou, Musée Pouchkine
D'autres au contraire préfèrent se prélasser en s'abreuvant des rayons du soleil - Aha oé feii (Eh quoi tu es jalouse) - 1892 - Moscou, Musée Pouchkine -, tant qu'ils finissent par baigner dans un profond languissement amoureux, une torpeur rose.
Maternité. Femmes au bord de la mer - 1899 - Musée de l'Ermitage
Trois vahinés, dont l'une allaite un enfant, surplombent un paysage de littoral où terre et mer en d'abstraites circonvolutions semblent se mélanger. Cette mystérieuse plage orange sur laquelle se répand le liquide nourrissier de la mer (on observe des tahitiens en train de pêcher) a la chaleur du ventre amniotique protégeant le bébé. Le mystère de cette plage semble en même temps représenter une autre énigme, celle de l'origine de la création de la Vie.
Vaïraumati tei oa (Vaïraumati elle se nommait) - 1892 - Musée Pouchkine
Dominant au milieu de la variété des couleurs chaudes, le paréo non porté bleu marine sert simplement de serviette à une jolie polynésienne gourmande de fruits. De grandes feuilles jaunes semblent même inviter la naïade à cheminer vers un empilement de caillous bleutés. De leur couleur ceux-ci semblent acquiescer que le paréo bleu se trouve bien à sa place, escortant la maorie nue de son éclat bleu nuit.
Les amateurs de Peinture et de Gauguin auront compris que l'occasion est trop belle pour ne pas découvrir les douze tableaux du Maître de Polynésie en provenance de Russie. Malgré la foule vous auriez tort de la manquer en effet.