Exposition "Vermeer et les maîtres de la peinture de genre"

Instant d'éternité

Publié par arman - mardi 2 mai 2017, 15:35 | Voir les avis

classique

Le Louvre présente jusqu'au 22 Mai une exposition si exceptionnelle qu'elle attire les foules venues admirer les douze toiles du hollandais Johannes Vermeer, leur clarté si chaleureuse et particulière. Parmi elles "La Laitière" (1658 - Amsterdam, Rijksmuseum), en dépit de son utilisation marketing, s'avère être la vraie merveille au milieu des tableaux de genre hollandais.

Ce que l'exposition appelle la peinture de genre consiste plus précisément dans la représentation réaliste d'intérieurs bourgeois durant la deuxième moitié du XVIIème siècle. Inventé non par Vermeer mais par son contemporain Gérard ter Borch, c'est un genre qui n'existait pas auparavant : les sujets se limitaient en effet au thèmes mythologiques et religieux.

Mais ces scènes domestiques sont dorénavant représentées en série et en masse dans une Hollande riche et prospère où ce type de tableaux se vendent très bien. Plus que l'Italie la Hollande va même devenir, grâce à une production galopante au XVII et au XVIIIème siècle, le pays à peindre le plus de tableaux référencés. L'exposition multiplie ainsi les accrochages de toiles à la technique certaine et au réalisme sûr, signées par bon nombre de contemporains de Johannes Vermeer. Parmi eux, Eglon van der Neer brille dans son rendu merveilleux des visages et des drapés comme le laisse deviner la photo ci-dessous.

Jeune femme et son chien de manchon - 1665 - Eglon van der Neer - Karlsruhe, Staatliche Kunsthalle

Mais le Peintre de Delft, le plus doué, est le seul à avoir révélé la noblesse des scènes du quotidien, avec sa lumière si naturelle (parfois au détriment des visages illuminés) et ses bleus outre-mer associés à un méticuleux souci du détail.

On retrouvera des toiles du Louvre bien connues comme "La Dentelière", que Renoir chérissait, et "L'Astronome". Mais "La Laitière" en provenance du Rijksmuseum d'Amsterdam est le tableau le plus parfait parmi ceux exposés : le geste anodin, celui d'une modeste laitière à sa tâche, y atteint le plus haut degré de plénitude et de sérénité.

La Laitière

Dans la clarté naturelle de la pièce se déroule un moment quotidien néanmoins précieux, où toute l'attention de la protagoniste est portée à un geste utile, accompli avec ferveur et délicatesse. Une laitière verse le fluide lacté d'une cruche pour en transvaser le contenu dans la lumière d'un instant soudainement suspendu. Par dessus les pains rugueux du quotidien, dans le filet de lait qui s'écoule mince mais dense, se concentre, se cristallise un précipité lactescent d'éternité. 

"La Laitière" est à Paris, autant en profiter pour aller la voir malgré la foule, qui reste souvent cantonnée aux tableaux en début de visite. N'en déplaise à la Vierge de Luis de Morales (au Musée Jacquemart), c'est sans nul doute la plus belle des toiles d'exposition visibles en ce moment à Paris. 

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