<< Les oeuvres de Rodin

Les premiers héritiers

Les disciples directs qui sculptent les mêmes sentiments tragiques que Rodin se nomment Antoine Bourdelle, Ivan Mestrovic, auteur croate de l'impressionnante La Source de la Fontaine de la Vie, et Jef Lambeaux, sculpteur belge des Passions Humaines. On peut regretter néanmoins que Camille Claudel ait une part aussi congrue dans une exposition dédiée à un sculpteur qui l'eut comme collaboratrice et muse.

Les Passions humaines - 1899 - Jef Lambeaux - Bruxelles, Musées Royaux des Beaux-Arts

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A l'instar de Rodin, le belge Jef Lambeaux en 1899 fait affleurer sur un bas-relief les grands crimes, les entremêlements et les passions d'une Humanité écrasée, tels des symboles remontant des limbes du passé. Christ sur sa croix, hommes pendus, enchaînés, voire transpercés, passions érotiques voire saphiques (mais également amour maternel) : toutes les vicissitudes du genre humain surgissent sur ce spectacle pathétique qui orne le Pavillon des Passions Humaines à Bruxelles.

Les disciples éloignés

Si leur filiation d'avec Rodin n'est pas vraiment évidente, la dernière et très grande salle est dédiée uniquement à certains des plus grands sculpteurs du XXème siècle et contemporains. L'exposition permet ainsi d'admirer de nombreux chefs-d'oeuvre d'artistes modernes de premier ordre aux styles divers et contrastés.

Torse de la Ville Detruite - 1963 - Ossip Zadkine - Paris, Musée Zadkine

Le Matin ou Hölderlin - 2011 - Markus Lüpertz - Cologne, Galerie Michaël Werner

Trois hommes qui marchent - 1948 - Alberto Giacometti - Paris, Fondation Giacometti

Sentiment Matériel IV - 2003 - Antony Gormley - Collection particulière

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Le personnage de Zadkine lève ses bras massifs implorant en pauvre diable toute la protection du Ciel alors que sur les traits du visage se crispe l'horreur fatale de son corps éventré. Un hurlement sourd semble sortir de sa bouche perpétuellement ouverte. Cette allégorie d'une Ville détruite (par un bombardement) rappelle les personnages cubistes du Guernica de Pablo Picasso.

Lüpertz invente un personnage de taille imposante aux contrastes saisissants, un géant au corps potelé comme celui d'un bébé, au long visage poudré comme un pierrot, qui porte bermuda et suit une démarche langoureuse et naturelle.

Modigliani sculpte trois Individus filiformes marchant à grand pas sans se voir, passant pourtant au même point et si proches les uns des autres, si proches qu'on les croirait issus d'un même personnage au don fantastique qui se serait divisé en trois dans la séquence (non sculptée) précédente.

Ces autres sculpteurs contribuent à enrichir de leurs oeuvres l'exposition centenaire que le Maître méritait.

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